Loser

(Fake I.D.)

  1. Mes amis, mes amours, mes emmerdes

    A trente-deux ans, Tommy Russo n'a pas plus de présent que d'avenir. Il se veut acteur mais sa carrière ne décolle pas. Il vivote grâce à son emploi de videur dans un bar, cumule les espoirs déçus, gaspille ses rares ressources dans des courses de chevaux sans jamais décrocher la cagnotte. Son ultime chance de s'en sortir : les dix mille dollars nécessaires à l'acquisition d'un cheval, en association avec d'autres joueurs. Cet argent, il pourrait l'obtenir grâce au contenu du coffre-fort du bar où il travaille, où sont entreposées les sommes des paris sur le Super Bowl. Tout paraît si simple...

    L'auteur de Mauvais Karma, La ville piège et Frères de Brooklyn signe ici un roman particulièrement prenant. En deux-cents-soixante pages, Jason Starr livre une intrigue d'une rare simplicité, et paradoxalement terriblement efficace. Le lecteur découvre un personnage de prime abord attachant, Tommy Russo, malheureux individu au parcours professionnel insignifiant mais croyant toujours en sa bonne étoile, sans que celle-ci ne daigne enfin illuminer le parcours du jeune homme. Dans une lente descente aux enfers, Tommy va basculer dans l'immoralité. C'est un individu pour lequel le lecteur nourrit de l'empathie, puis des sentiments et émotions complexes, au fil de ses actes et attitudes. La très grande force de ce roman de Jason Starr, c'est finalement son aspect si crédible : tous les protagonistes sont magnifiquement campés, perclus de faiblesses et contradictions, dont on se délecte à chaque page. Et la mécanique s'enclenche, inexorable, infernale, fatale. Les divers engrenages qui la composent se mettent lentement en action, et leur mouvement broiera sans la moindre faiblesse les êtres humains qui peuplent ce récit. La langue et le style de Jason Starr participent avec brio à ce mécanisme parfaitement huilé.

    Loser constitue donc un roman noir d'une incroyable efficacité. D'une simplicité presque élémentaire, à hauteur d'homme, à la fois plausible et machiavélique, sa construction fait office de jalon dans le genre. Une réussite éclatante et indéniable.

    /5