Tokyo

  1. De la Chine au Japon, de 1937 à nos jours, une traque du Mal

    Grey débarque à Tokyo sans un sou en poche dans le seul but de découvrir un mystérieux film, le seul qui puisse témoigner des atrocités commises par les soldats japonais à Nankin, en Chine. Son périple l'amènera à devenir hôtesse dans un club où il lui sera proposé de découvrir le possible secret de jeunesse d'un infirme protégé par la Nurse, une femme aux allures de golem...

    Ceux qui ont apprécié Birdman et L'Homme du Soir retrouveront ici la patte littéraire de Mo Hayder : son goût pour les ambiances sombres, les personnages torturés, les explosions de violence et de sexe. A cet égard, Tokyo n'a pas à rougir des précédents écrits : les protagonistes sont d'une grande noirceur, troubles à l'envi et mémorables. Le découpage du récit entre les deux lieux et époques — Tokyo de nos jours et Nankin en 1937 — apporte un dynamisme au déroulement de l'intrigue et excite l'intérêt du lecteur. Le suspense est très bien maintenu jusquà la fin, multipliant alors son lot de surprises et coups de théâtre, accompagné d'une violence qui va crescendo. Vous vous souviendrez longtemps des exactions commises par les Japonais, le style gore de Mo Hayder étant particulièrement visuel.

    Tokyo est donc un roman choc, une plongée vers l'horreur avec des moments particulièrement durs. On regrette d'autant plus les longueurs du début du roman : il fallait certes installer les divers personnages ainsi que l'ambiance, mais de nombreux chapitres auraient certainement pu être écourtés. Il n'en demeure pas moins qu'il faut absolument prendre la peine de passer ces moments superflus pour découvrir un pavé de noirceur et de sang, couronné par le grand prix littéraire des lectrices de Elle et par le prix SNCF du polar européen.

    /5