Les Teutons flingueurs

  1. Gabriel Lecouvreur défend la pieuvre et l'orphelin

    Quand il apprend en ouvrant son journal qu'un pensionnat destiné à héberger des orphelins est sur le point d'être fermé dans le Lubéron, balançant ses jeunes locataires dans la rue, le sang de Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, ne fait qu'un tour. Ce qu'il découvre sur place sera encore plus abominable que prévu : des nervis semblent encore accrochés aux terribles rêves du nazisme.

    Cent-quarante-neuvième enquête du Poulpe, Les Teutons Flingueurs est placé sous la plume de Stéphane Geffray. Comme à l'accoutumée, le célèbre céphalopode se retrouve aux prises avec des personnages hideux, et il lui faudra toute sa fougue pour mettre à bas les projets de ses adversaires. Le roman s'ouvre sur la scène du suicide forcé d'un trader, histoire qui réapparaîtra par la suite dans l'intrigue. Le ton est alerte, l'humour bien présent, et il est toujours aussi plaisant de suivre Gabriel dans une nouvelle investigation. Ici, les ennemis sont clairement et rapidement identifiés : les nazis ainsi que leurs avatars contemporains. Pire : ces engeances doublent leur idéologie nauséabonde de pratiques criminelles diverses. On l'aura compris, la subtilité n'est pas la préoccupation première de Stéphane Geffray. Néanmoins, au-delà de ce trait un peu forcé, le lecteur voit Gabriel Lecouvreur se montrer particulièrement ému par l'une des femmes qu'il vient secourir, et bien moins leste que d'habitude. Par ailleurs, il en vient à se poser des questions de possible paternité en voyant s'ébattre ces jeunes orphelins. C'est toute la dynamique de cette série : respecter un cahier des charges tout en offrant à l'auteur du moment la possibilité d'imprimer des inflexions au personnage. Et là, dans ce combat contre la descendance spirituelle d'Adolf Hitler, le Poulpe s'en donne à cœur joie : poursuites, castagnes, explosions, fusillades... L'action ne manque pas, au point de permettre au lecteur d'atteindre une certaine catharsis : il est jouissif de voir Gabriel dessouder du brigand, du tortionnaire, du malfaisant.

    Même s'il ne constitue pas l'un des meilleurs opus de la série, Les Teutons flingueurs compose un agréable moment de lecture, sans le moindre complexe, au style visuel indéniable. À noter pour l'anecdote que le titre est un jeu de mots sur un film dialogué par Michel Audiard, comme le sont d'autres épisodes de la série du Poulpe tels Ataxie pour Hazebrouck de Serge Turbé ou Un singe en Isère de Marin Ledun.

    /5