La Honte leur appartient

(La honte leur appartient)

  1. Death to my hometown

    Maître Jean-Michel Walter, notaire, revient dans le village de l’Est de la France qui l’a vu naître. C’est aussi là que ses parents, juifs, ont été dénoncés et envoyés vers un camp d’extermination. Serait-il revenu afin de se venger ? Dans le même temps, Damien Le Doll, interné dans un asile psychiatrique, parvient à s’enfuir après avoir tué des membres du personnel. Les routes de ces deux personnages vont se croiser.

    Auteur réputé à la bibliographie imposante, Maud Tabachnik écrivait ce roman en 2002. On y retrouve avec plaisir une langue complexe, qui sait manier l’argot et le poétique, ainsi qu’un sens affûté des dialogues. Dans ce récit sombre qui aurait pu être inspiré d’un fait divers, l’auteur excelle, à la manière de Georges Simenon, dans la peinture de portraits. Des petits bourgeois de province, honteux de leurs choix idéologiques ou victimes de leur abyssale pusillanimité, à peine repentants de leur collaboration spontanée avec l’ennemi d’outre-Rhin. Ce récit, sans rebondissement et à la structure un peu attendue, est donc avant tout un réquisitoire acide contre les mœurs de ces membres de la bonne société française au-dessus de tout reproche. Néanmoins, Maud Tabachnik a ajouté un élément inattendu dans son histoire : la présence de Damien, jeune aliéné aux allures d’ange et aussi dangereux qu’un diable. Son histoire, sa rencontre avec Walter et leur amitié profonde constituent autant de délicieux moments d’humanité dans ce livre.

    Certes sans surprise, cet ouvrage n’en reste pas moins intéressant et très bien construit, entre dénonciation d’un certain pan de la bourgeoisie sous la Seconde Guerre mondiale et savant jeu de massacres.

    /5